Mauritanie : une réévaluation des revenus de la future mine Tiris

Le prix de l’uranium a franchi la barre des 100 dollars la livre en janvier, dans un contexte d’inquiétudes sur l’offre à moyen terme et de hausse de la demande à long terme. Ces perspectives incitent les compagnies minières à accélérer le développement de leurs différents projets.

Dans l’étude d’ingénierie de base (FEED) publiée le 28 février par Aura Energy, les revenus attendus de l’exploitation de sa future mine d’uranium Tiris en Mauritanie ont atteint 2,25 milliards $, en hausse de 44 % par rapport à l’étude de faisabilité optimisée de mars 2023. L’ingénierie de base s’est en effet appuyée sur un prix de référence de l’uranium plus élevé, 80 dollars la livre contre 65 dollars en mars dernier, dans un contexte de hausse des prix du métal.

Le prix au comptant de l’uranium a dépassé 100 dollars la livre en janvier 2024, une première depuis 2007. Le regain d’intérêt pour le nucléaire ces dernières années, avec la possibilité de tripler la capacité d’énergie nucléaire installée à travers le monde d’ici 2050, ont favorisé un rallye des prix de l’uranium qui a culminé le mois dernier en raison d’inquiétudes sur l’offre. Le premier producteur mondial, la société kazakhe Kazatomprom, a en effet annoncé en janvier ne pas pouvoir atteindre ses objectifs de production en 2024 et 2025.

Cette tendance à la hausse des prix pourrait se poursuivre à moyen terme, selon le cabinet australien Shaw and Partners qui s’attend à voir le prix de l’uranium culminer à 150 dollars la livre entre 2025 et 2027. Pour les producteurs et futurs producteurs d’uranium, ces perspectives constituent une incitation à accélérer le développement de leurs différents projets. Cette année, Aura Energy a ainsi pour objectifs de conclure des accords de vente de la future production et de prendre une décision finale d’investissement à Tiris.

Notons qu’en dehors de l’amélioration du prix de référence de l’uranium, la hausse de la production a également joué un rôle dans les revenus plus élevés attendus à Tiris, dans le cadre de l’étude FEED. Alors que l’étude de faisabilité optimisée de mars 2023 tablait sur une production annuelle de 1,6 million de livres pendant 16 ans, Aura vise désormais la production annuelle de 1,9 million de livres d’uranium sur 17 ans. Cela représente un total de 30,1 millions de livres d’uranium sur la durée de vie de la mine, contre 25,5 millions de livres auparavant.

Le capital initial nécessaire augmente aussi de 29 % pour atteindre 230 millions $, mais avec un délai de récupération réduit, 2,5 ans contre 4,5 ans en mars 2023. La valeur actuelle nette passe en outre de 226 millions $ à 366 millions $ désormais, avec un taux de rentabilité interne de 34 %.

Pour rappel, le secteur minier mauritanien est dominé par l’exploitation du minerai de fer et de l’or, qui ont représenté ensemble plus de 70 % des exportations totales de la Mauritanie en 2022. L’exploitation de l’uranium à Tiris renforcerait le poids du secteur minier dans l’économie, et pourrait contribuer à réduire l’exposition du pays aux fluctuations des prix des deux produits suscités. Le projet Tiris est contrôlé à 85 % par Aura, avec 15 % d’intérêts pour Nouakchott.

Emiliano Tossou

أربعاء, 28/02/2024 - 23:35