La Pêche: il y a toujours quelque chose à offrir

Avec l’avènement de la Nouvelle Politique de Pêche de 1979, les pouvoirs publics mauritaniens avaient décidément œuvré pour maîtriser la gestion d’un secteur qu’ils voyaient prometteur pour le développement économique et social du pays. 

Ce regain d’intérêt pour la pêche a particulièrement coïncidé avec le déclin du prix du fer sur le marché international ou en a résulté; celui-ci représentant alors le seul secteur formel d’exportation, constituant donc la principale source de devises.

Depuis lors et conformément à la dynamique de ses orientations, l’Etat a, entre autres, accompagné les privés nationaux à travers l’organisation, l’encadrement, l’attraction de partenaires pour des projets mixtes et enfin, l’octroi des financements, notamment pour l’acquisition des moyens de production (navires) et l’installation d’industries à terre.

En d’autres termes, le secteur des pêches a chaque fois offert des opportunités pour ses clients et restera certainement capable d’en offrir à l’avenir (aquaculture, renouvellement encore de la flotte, distribution de poisson sur l’ensemble du territoire national, etc.). Mais le drame est que, dans la pratique, les nombreuses opportunités offertes par le passé, avaient souvent profité à des groupes financiers ou des individus particuliers.

Pour les spécialistes du secteur, les principales opportunités ayant créé des jalousies, seraient les lignes de crédits, mises par les banques publiques à la disposition des promoteurs afin de créer un armement national capable d’assurer l’exploitation de nos ressources halieutiques. Il y a eu aussi la vente des sociétés d’Etat dans le cadre du programme de privatisation adopté par le gouvernement sous la pression de ses partenaires et bailleurs de fonds qui exigeaient, en vertu du choix d’une économie libérale ou de marché, le désengagement de l’Etat des moyens de production.

Suite au vieillissement d’une flotte nationale, acquise en majorité déjà âgée, l’autorisation pour son renouvellement a été faite de manière sélective et a alors permis la concentration du maximum de l’effort de pêche de fond entre les mains de groupes très restreints. Le retard injustifié dans la mauritanisation des navires acquis dans ce cadre, a préoccupé l’opinion publique et indisposé beaucoup de responsables jusqu’en 2006.  

La mise en exploitation du stock de crabe de fond (Gérion maritae), identifié et évalué par les japonais vers 1997, a constitué une occasion pour enrichissement dont la presse indépendante, dans le temps, a parlé et en a même identifié certains bénéficiaires.  

L’importation ‘’choisie’’ des embarcations artisanales et côtières du Sénégal, affrétées ou dans le cadre d’une vente fictive a –et continue- de profiter directement à un nombre réduit de mauritaniens et de faire vivre des milliers de familles de par et d’autre du Fleuve.

Sachant que certains lecteurs sont généralement impatients, mieux vaut contracter cette liste en passant outre l’affrètement, la consignation, l’acquisition des navires artisanaux et côtiers, etc. et révéler aux curieux que l‘industrie de transformation de poisson et le domaine public maritime font, depuis un certain temps, la convoitise d’une clientèle qui fait la course contre la montre. 

Au sujet de la transformation, il est à rappeler que suite aux problèmes qu’ont connus les zones traditionnelles de production de la farine de poisson et aux restrictions décidées dans d’autres, cette activité est apparue, de manière opportuniste, chez nous. En effet, des promoteurs ont fait apparition dans cette filière en important des usines pour la plupart déjà amorties et appartenant à des générations technologiquement dépassées et généralement dépourvues de moyens de préservation de l’environnement. 

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des cas rares d’usines répondant aux critères modernes requis et qui réalisent, de par leurs activités de traitement, un taux élevé de déchets qu’ils complètent, dans des proportions raisonnables, de poissons entiers ; ces poissons utilisé pour augmenter la production et améliorer sa qualité (taux de protéine) devant être, le cas idéal, des rebuts ou des espèces non consommées par les mauritaniens et n’ayant pas encore une autre forme de valorisation plus recommandée (par exemple l’éthmalose).

Le domaine public maritime, quant à lui, concerne une frange qui se délimite chez nous par rapport à une côte maritime longue d’environ 720 km et dont l’enjeu est comparable à celui déjà vécu dans le secteur minier et relatif aux permis de recherche. Dans la vogue, c'est-à-dire dans la période d’abondance et de demande limitée, chacun veut amasser le maximum de parts pour les exploiter ou les monnayer à d’autres quand la rareté et le durcissement des conditions, induiront la cherté.  

Ceci dit, tout mauritanien intéressé par ces créneaux doit faire vite avant que soit finalisée la liste de critères objectifs, transparents et contraignants peut-être pour l’octroi de parcelles du domaine public maritime et l’autorisation d’installer une usine de production de farine de poisson.

Cet appel laisse entendre qu’une ère nouvelle s’installe et qu’en conséquence, le temps des rapaces est révolu; ces être vivants que les systématiciens ornithologues savent leur dangers de prédation, notamment pour leurs semblables.

La volonté du Président de la République de changer radicalement la ligne de conduite qui a généralement caractérisé la Mauritanie par le passé, fait que cet appel est lancé à l’adresse des vrais hommes d’affaires, désireux d’investir dans des domaines à valeur ajoutée locale sûre parmi ceux déjà identifiés comme prioritaires tant pour la stratégie sectorielle 2008-2012 que pour le 3ème plan d’action du CSLP 2011-2015. Car la devise est actuellement ‘’A dieu le temps des facilités’’ sous-tendues par la parenté, le régionalisme, l’influence politique, la corruption, etc.

Pour le département des pêches, comme pour les autres départements de l’Etat, l’heure est donc, suite au contexte créé au lendemain du dialogue politique qui a réuni la Majorité présidentielle et l’opposition, à la rigueur, à la transparence et à l’équité et justice.

En effet, le rejet des résultats dudit dialogue par une partie de l’opposition et la délicatesse de l’exercice de mise en œuvre de tels résultats, la jeunesse métamorphosée du 25 Février, l’approche des élections législatives et municipales, et, par-dessus le marché, le contexte régional et international, font que les erreurs, minimes soient-elles, ne doivent plus être ni tolérées, ni tolérables. 

Par ailleurs, vous êtes invités, chers lecteurs, à faire un distinguo entre le droit de réserve auquel est astreint tout employé (surtout public) et l’idée de partage avec le public d’une opinion, faite par un ‘’simple citoyen mauritanien’’, fort de son droit à l’expression libre dans un Etat de droit.
 

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb

http://www.cridem.org/C_Info.php?article=61737

 

خميس, 06/02/2020 - 08:15