Magna Carta : l’Angleterre à l’avant-garde

L’histoire de la lutte pour les droits civiques et démocratiques en Angleterre est des plus anciennes, des plus longues, mais aussi des plus fructueuses. Sans vouloir dresser un bilan exhaustif de tous les acquis politiques et sociaux importants ayant été enregistrés, il serait utile de mentionner un premier acquis historique majeur lointain qui eut ses incidences directes et indirectes dans ce qui qui se fera plus tard dans le champ des libertés et des droits fondamentaux. 

 

En 1215 eut lieu un événement d’une très grande portée démocratique. Il porte le nom de Grande Charte, ‘’The Magna Carta’’. Il s'agit d'un document historique considéré comme une source principale de la Constitution et du système juridique anglais, the Common Law. C’est aussi l’une des premières pierres d'angle dans la construction de l’édifice démocratique de l'Angleterre. La démocratisation de la viepolitique du pays, il faut le noter, fut une œuvre de longue haleine faite de guerres civiles, de rudes batailles mettant aux prises la monarchie et les représentants du peuple, aboutissant à la victoire de ces derniers, une quête de liberté  et un processus évolutif permanent.  

La Grande Charte était un traité de paix conclu entre le roi Jean (King John 1199-1216) et ses barons récalcitrants. Le roi ayant pris l’habitude de lever des taxes à souhait pour financer ses campagnes guerrières dont certaines étaient infructueuses notamment contre les Français se voit refuser une telle prérogative, parce que sa noblesse était de plus en plus irritée par la pression fiscale et ne pouvait plus le suivre dans ses campagnes militaires et lui payer leurs coûts onéreux. 

Il s'ensuivit une crise ouverte entre le monarque dépensier et les nobles financièrement pressurés. Et après un bras de fer tenace, le Roi John capitula et accepta de signer la Grande Charte : le texte monumental qui l’astreignit à respecter les droits et privilèges féodaux de ses barons, de confirmer la liberté de l’Église, et de maintenir les lois de la Nation. La Grande Charte a surtout atténué les pouvoirs arbitraires de la Couronne, et ''has consequently acquired a special status as the cornerstone of English liberties.', et elle a par-dessus tout prouvé selon les termes de Winston Churchill la suprématie de la loi qui est celle de tous et non un instrument de dictature monarchique :  

 

"Voici une loi qui est au-dessus du Roi et que même le Roi ne doit pas violer. Cette réaffirmation d’une loi suprême et son expression dans une charte générale est la grande valeur de La Grande Charte "Magna Carta". Ce qui en soi même justifie le respect qui lui est accordé par le peuple."

 

Jugée plus réactionnaire que progressiste, la Magna Carta représentait quand même aux yeux de l’opinion médiévale et même des temps modernes un sérieux coup porté à l’oppression et un paravent précoce contre l’absolutisme.

 

Le préambule de la charte et ses 63 articles et en particulier le 39éme constituent une grande avancée en matière de libertés individuelles et fondamentales, comme par exemple : le droit de passage devant un jury avant toute condamnation ou tout acquittement.

Les juristes et les historiens pensent que des textes comme ‘’the Petition of Right’’ (1628) et ‘’Habeas Corpus Act’’ (1679) puisent leur source d’inspiration de cetarticle: “No free man shall be arrested or imprisoned or disseised [dispossessed] oroutlawed or exiled or in any way victimized…except by the lawful judgment of his peers or by the law of the land.”

La Grande Charte quoique importante n’était ni destinée à poser les premiers jalons du parlement anglais, ni d’annoncer de manière prématurée la naissance de la démocratie dans sa forme évolutive que nous connaissons aujourd’hui. 

 

 

Ould Sneiba Ely. 

Influence politique de John Ruskin en Afrique:

L'exemple d'Ujamaa de Julius Nyerere.

 

Éditions Universitaires Européennes, 2019.

خميس, 08/04/2021 - 08:48