Entretien avec Ely Taleb Abdel KADER

Entretien avec M. Ely Taleb Abdel KADER, secrétaire général de l’association ‘’ Forum de Néma pour le développement local’’ sur le lancement de la 1ère édition de la foire nationale de valorisation de la ressource animale à Timbedra.

 

Créée en 2020, cette association se veut un pôle et un bras technique pour aider les décideurs et les partenaires au développement à identifier les meilleures stratégies et programmes de développement local durable. Il aspire également à mettre en valeur les richesses du Hodh Echarghi en organisant des réunions et des forums saisonniers pour promouvoir le développement économique, social, culturel, sportif et touristique.

 

Aqlame : Quel bilan tirez-vous de la visite de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, à Timbédra et sa supervision du lancement de la 1ère édition de la foire nationale de valorisation de la ressource animale.

Ely Taleb Abdel KADER : On ne peut que se réjouir de cette marche vers le développement que le Président de la république et son gouvernement sont en train de mener avec tout le soin qu’elle mérite. 

Sur le plan institutionnel, nous suivons avec beaucoup d’intérêt la réorganisation et parfois la création d’institutions publiques orientées vers la décentralisation et l’appui du développement local. Avec cette visite de travail entamée par une délégation de haut niveau et multidisciplinaire, nous venons de franchir une sérieuse étape pour atteindre les objectifs ambitieux du programme électoral du Président de la république.

Nous devons nous investir, tous, société civile, secteur privé, partenaires de développement à apporter le soutien technique et financier qu’il faut pour faire aboutir les objectifs visés.

 

Aqlame : En tant qu’association de développement non gouvernementale, quelle a été la contribution concrète de votre Forum à cet important évènement ? 

Ely Taleb Abdel KADER : D’abord, il convient de rappeler que notre vision est notre action a démarré en 2020 par des concertations avec les opérateurs locaux du développement qui ont abouti à une vision harmonisée des outils à mettre en œuvre. C’est pourquoi nous étions préparés à cet évènement et nous avons activement participé à toutes les activités notamment les consultations entamées par le Président de la république.

A ce stade, la proposition incontournable est, à notre sens, l’urgence de faire appel à tous les opérateurs publics et privés pour définir la stratégie du développement localavant d’entamer toute action. Le message à véhiculer demeure d’éviter la politique du fait accompli souvent couteuse et sans résultats palpables.

Nous sommes en train d’ébaucher une note d’orientation issue de la vision du Forum pour la partager avec tous les opérateurs.

 

Aqlame : quelles sont réellement les opportunités et les défis pour que notre pays tire profit de sa vaste richesse animale ? 

Ely Taleb Abdel KADER : Le défi auquel on fait face et qui a toujours handicapé l’avancée du pays est la mauvaise mise en œuvre des stratégies. Il faut nécessairement la bonne foi, le sens de la responsabilité et la compétence.

Les opportunités sont énormes et elles ne manquent pas. L’Etat et ses partenaires de développement sont de plus en plus convaincus et investis à apporter le soutien qu’il faut aux populations vulnérables. L’annonce du fonds de soutien de 8 milliards d’UM par le Président de la République en est la preuve.  

La Banque mondiale vient de débloquer 375 millions USD pour soutenir le potentiel du pastoralisme au sahel dans le cadre du projet PRAPS (Phase II) qui vise, entre autres, l’amélioration des chaînes de valeur de l’élevage.

C’est pour dire que les opportunités ne manquent pas mais le défi reste à relever.

 

Aqlame : quelles sont les risques qui menacent d’atteindre les résultats escomptés du soutien de cette filière ? 

Ely Taleb Abdel KADER : Vous savez, nous sommes arrivés à un stade où la majeure partie de la société est sceptique en raison d’absence de résultats concrets. Il appartient, désormais aux cadres du pays de s’investir davantage pour que la confiance puisse se rétablir entre les populations cibles et les opérateurs.

Il faut également savoir que sans une parfaite synergie entre les différents départements de l’Etat, les efforts déployés pourraient être sans effets. 

Heureusement que la stratégie nationale d’inclusion financière pourrait voir le jour d’ici la fin d’année car elle a été prise en charge par la Banque Centrale de Mauritanie en collaboration avec un partenaire de développement fiable (Fonds Africain de Développement).

En réalité, tant que le citoyen et les ménages modestes n’accèdent pas aux produits financiers à moindre coût et tant que les petits entrepreneurs ne sont pas épaulés pourdévelopper et accroître leurs activités, il sera difficile d’améliorer le niveau de vie de citoyens vulnérables.

Par ailleurs, la majeure partie de l’activité pastorale du pays se déroule dans des zones difficiles encore à raccorder aux réseaux nationaux d’eau, d’électricité et de communications. Ceci handicape toute stratégie de développement.

L’énergie renouvelable demeure l’une des voies les plus prioritaires à explorer. L’exemple de la Chine, de l’Inde et de l’Egypte en matière de production du biogaz par la transformation des décharges d’animaux mérite d’être étudié surtout qu’il a été recommandé dans un rapport récent du FAO.

 

   Entretien réalisé par Aqlame à Nouakchott

اثنين, 05/04/2021 - 09:20