Les suppôts de la corruption

Ceux qui aujourd’hui ont été cités pour corruption, mis sous contrôle judiciaire à la suite du Rapport de la Commission parlementaire, ne sont ni les plus dangereux, ni les plus corrompus. 

 

S’ils font partis du premier cercle des impliqués dans la catastrophe financière et immobilière, qu’a vécu le pays, il reste que les personnages les plus dangereux courent toujours et leur danger sur l’avenir du pays est encore bien plus important.

 

En effet, si Aziz a subi la secousse politique de la corruption, emportant avec lui des complices directs, il n’en est pas l’épicentre.  L’épicentre de la corruption est ce ramassis d’individus, bien connus qui gravitent autour du pouvoir et qui l’incitent à commettre tous ses actes. 

 

Les actes commis par Aziz, ont bénéficié du soutien public et de la connivence de personnes qui ont justifié au peuple tous ses actes. Qui ont accompagné le dictateur, qui l’ont encensé, qui l’ont aidé par leur parole et leurs actes publics à tromper le peuple, qui ont fait campagne pour lui, qui ont fraudé les consciences et les institutions par leur mensonge et leurs mystifications. 

 

Ces personnes-là doivent être traduites en justice pour complicité. Car ce sont les suppôts de la corruption. Et ils adoreront encore le premier qui aura le pouvoir. Ce sont des adorateurs de la corruption, du mensonge et de la trahison. Ils n’ont ni morale, ni valeurs. 

 

Ce sont eux qui minent le devenir de de pays 

 

Le malheur de la gouvernance, en Mauritanie, n’est souvent pas celui qui prend les rênes du pouvoir mais ceux qui l’entourent, qui le corrompent. 

 

S’il est vrai que « le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Byron), je dirai que le pouvoir ne corrompt celui qui le détient que s’il est servi par des corrompus.

 

 Lorsque la courtisanerie, n’est imbue ni de valeurs, ni de vertu, alors le pouvoir, comme le poisson, pourrit par la tête. 

 

La courtisanerie politique mauritanienne est, comme Talleyrand, mais sans en avoir le talent, « une merde dans un bas de soie » (Napoléon).  Cette soie, dont elle cherche à se parer par la corruption des consciences.

 

C’est justement ce qui se passe, et s’est toujours passé pour tous ceux qui ont à un moment ou à un autre occupé le pouvoir, depuis 1978. Depuis cette date, les régimes successifs ont été accompagnés d’une classe dite « politique », de personnes mafieuses qui manipulent le pouvoir, applaudissent les dictateurs, servent leurs intérêts, vont en campagne pour eux, trompent le peuple à leur sujet et les reconduisent au pouvoir, et ce sont les dictateurs que l’on blâme !

 

  En somme, traduire les dictateurs devant la justice, c’est blâmer le malade d’être malade tout en laissant le virus, en l’état. Dans l’Etat.

 

Comment pouvons-nous concevoir que toute cette courtisanerie a tout-à-coup fait volte-face dès que le dictateur a quitté le pouvoir ? 

 

Comment concevoir que ses membres l’ayant adulé, se retournent contre lui en un jour et vont jusqu’à demander son jugement et sa condamnation pour corruption ? Comme s’ils ne sont pas eux-mêmes les premiers complices de sa forfaiture ?

 

Comment accepter que les adeptes de cette secte mafieuse, puissent continuer à squatter la scène politique et se présenter en donneurs de leçon et dispensateurs de morale ?

 

Lorsque, il y a à peine quelques mois, ses membres encensaient Aziz et que l’un d ’eux, avait érigé Aziz en Dieu, lui-même puisque cet avocat, avait dit en s’adressant à la population que c’est « Aziz qui l’a prémuni de la faim et sécurisé contre tout danger ». Paraphrasant les paroles de Dieu lui-même !  

 

Cet individu et ses compères de la sale courtisanerie, coure toujours et occupe même, les plateaux des médias, pour demander à ce que Aziz soit jugé pour ses méfaits à l’égard de la nation et pour corruption !

 

Dans quel pays sommes-nous, pour tolérer un tel délitement de la gouvernance et de la politique du pays sous l’impact de cette mafia politique courtisane ?

 

 Il est urgent que des mesures soient prises contre cette mafia politique, de la courtisanerie crasseuse pour le salut de la nation. Car elle corrompt tout dans les institutions de l’Etat, de son dirigeant à ses collaborateurs.

 

Peut-on les traduire pénalement devant la justice ? Certes le complice subit les mêmes peines que l’auteur principal du crime. Hélas !  si leurs actes sont qualifiables politiquement, ils ne le sont pas juridiquement puisque la qualification des délits et des crimes est soumise au principe de légalité des délits et des peines, ce qui signifie qu’il n y a pas de peine sans texte (loi) qui la prévoit et que ce texte soit antérieur au fait,  acte incriminé.

 

Pour pouvoir qualifier les actes de cette courtisanerie crasseuse, le juge doit établir si les faits reprochés à ses membres font l’objet d’une incrimination légale. Et cette qualification doit être exacte, à peine de relaxe ou d’acquittement.

 

C’est autant dire que le code pénal mauritanien ne comprend pas des dispositions relatives aux délits politiques, la sanction du mensonge, de la forfaiture ou de la connivence partisane. 

 

Celles-ci ne deviennent pénales que lorsqu’il en résulte, un acte manifestement dommageable pour la collectivité nationale, dont la certitude et la matérialité ne fait pas de doute et que, par la liaison de ses causes à ses effets, permettent au juge de le qualifier au titre des délits et des crimes prévus par la loi. 

 

Or les actes néfastes de cette classe politique mafieuse, sont diffus car ils sont « dilués » dans  leur action « politique », dans la masse,  et leur liaison directe avec les dommages subis par la société, bien que sensibles,  sont difficiles à rapporter devant le juge.

 

Mais si dans la singularité de l’acte, le droit ne peut sanctionner, il le pourra dans son universalité. Car les actes accomplis par cette mafia courtisane, dans le maintien de la corruption et de ceux qui l’accomplisse, peuvent être liés aux causes de cette corruption. 

Cependant, cette justice universelle, ne relève pas des tribunaux judiciaires mais du droit de la société civile, à travers ses organisations et ses structures de sanctionner les suppôts de la corruption et d’œuvrer à les bannir de la scène politique. Pour cela les tribunes, les forums et les manifestations pacifiques sont les instruments les plus appropriés, pour réclamer cette justice, de ceux qui, hors de la punition judiciaire, doivent subir la vindicte populaire.

 

En effet, tant qu’existe cette classe politique mafieuse qui, de régime en régime, corrompt la scène politique et ses acteurs, il y aura autant de Aziz qu’il en faudra pour assouvir la soif de ces suppôts de la corruption. Et l’avenir du pays, déjà hypothéqué dans ses moyens, le sera toujours dans son devenir.

 

Ainsi, face à ces suppôts de la corruption des régimes, Aziz est bien innocent, car il ne fut que le produit de cette classe crasseuse, parasite des régimes, qui lui adjugé …et vendu le pays. 

 

Hélas !  Comme l’écrivit, si justement, Ernest Hemingway : « Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l’innocence. »….

 

Pr ELY Mustapha

 

خميس, 13/08/2020 - 11:36