!Les esclaves blancs en Mauritanie

Si aujourd'hui les esclaves chez les Maures sont majoritairement d'origine négro-africaine, l'histoire de l'esclavage en Mauritanie montre que beaucoup de Maures blancs avaient été asservis dans les sociétés négro-africaines.

 

Tous ces "Naar-u-kajor", ces "Gallé SafalBé", ont côtoyé les Awgal, les Ngadès totalement fondus dans les populations noires du fleuve au rang d'hommes castés. 

 

La pratique dominante chez les Négro-africains, lorsqu'ils en venaient à vaincre leurs ennemis maures blancs, était d'éliminer la plupart des hommes adultes et de ne conserver que les femmes. Cette élimination des prisonniers nomades adultes répondait à la nécessité de réduire les bouches à nourrir  inutiles, dans les sociétés agricoles qui cherchaient à combler le manque de main-d'oeuvre.

 

Un autre fait déterminant est celui des problèmes de survie des nomades dans des zones aussi humides que les vallées des fleuves sahéliens et de leurs bassins versants sénégalo-mauritaniens. Essentiellement, en période hivernale lors des fortes pluies et la prolifération des moustiques (malaria, phtisies et autres parasitoses). 

 

La présence de Beydane de condition servile ou modeste est attestée dans ma communauté d'origine : la communauté dimaroise, mauritano-sénégalaise. Nous avons en effet mélangés à la population du Dimar et du Waalo depuis le XVIIe siècle, des Oulad Rizg vaincus qui ont fini par se réfugier dans ces deux États et chez Oulad Beniouk. Leurs survivants eurent à remplir les rôles de palefreniers aux côtés des Znaga Ngadès, partagés entre le Dimar et les Oulad Biri. Leurs familles gardent encore les stigmates de leur origine. Ceux de Dialmath (dernière capitale historique de la province) et de Tékane (cf. les NgadisnaaBe du Dimar) ont leurs parents, restés blancs à Boutlimit, dans la mouvance des Oulad Biri. Il faut également souligner le fait que les mécanismes de l'hérédité, au plan phénotypique (loi de la dominance de Mendel), montre la dominance du sang "noir" sur le sang "blanc".

 

 Les esclaves blancs dont les descendants ne se croisent plus qu'avec d'autres noirs, devenaient noirs dans les générations suivantes, à force de métissage. On voit encore des types physiques de Noirs qui tirent sur la physionomie et la morphologie beydanes aussi bien parmi les hommes libres que parmi les esclaves dans les sociétés wolof, soninké, bambara ou pulaar. Al Oumari (14e siècle) signale la présence de nombreux esclaves blancs (turcs) achetés au Caire par Kankan Musa, empereur du Mali. Beaucoup de Hassan sont devenus racialement noirs : à l'Est (Hodh oriental), nous avons l'exemple des Oulad M'Bareck. Dans le Hodh occidental, les Oulad Nasr. Au Sud, la plupart des Oulad Nogmach ; les Litama (descendants d'Al Yatim, petit-fils de Kerroum) du Gorgol et de l'Assaba ; les cadets des Oulad Siyed appelés Oulad Al-hadj Darmanko (les Dramankours des textes français).  

 

Source:  Saïdou Kane, Histoire de l'esclavage et des luttes anti-esclavagistes en mauritanie. 2002, p4

سبت, 18/07/2020 - 09:04