Questions au président Macron /Par Mohamed Yehdih O. Breideleil

La langue française en Mauritanie :

        Votre langue nous est venue au début du siècle dernier, sur le dos d’une sorcière. Nous en avons conçu la plus  grande appréhension. Nous l’avons d’abord boycottée et nous avons refusé de l’apprendre. Puis certains d’entre nous ont été forcés d’entrer à l’école française. Plus tard, certains parents, par une audace inexplicable pour l’époque, ont jeté leurs enfants, en quelque sorte dans la gueule du loup, dans l’école française en se conformant sans le savoir à l’esprit de l’adage Mossi qui dit : « pour préserver son enfant il faut le confier au sorcier ».

      Depuis 1960-62, on nous dit que la grande sorcière qui nous avait épouvantés est morte. Mais, il ne manque pas de héraut de malheur, pour annoncer que l’infâme vit toujours, mais soigneusement voilée.

      Nous savons par expérience que certaines créatures ne meurent que très difficilement et l’apparence de la mort ne débarrasse pas de leur méfaits. Ainsi  en est-il du serpent venimeux du du Désert : pour qu’il meure définitivement, il faut nécessairement lui trancher la tête et ce n’est même pas suffisant. Il faut creuser un trou profond et déplacer cette tête sept fois afin qu’au septième déplacement la tête tombe dans le trou, non sans psalmodier, au cours de l’opération certaines formules rituelles. On peut alors combler le trou avec  la terre et c’est en ce moment qu’on peut être apaisé et savoir que le serpent est mort.

    Rassurez-nous sur votre belle langue, celle des humanistes : Voltaire, Diderot et Rousseau, celle de Jean Jaures, de Romains Rolland et Emmanuel  Mounier, celle  de grands esprits comme Louis Aragon, Jean-Paul Sartre et André Malraux.

     Assurez-nous que son ancienne monture la  Colonisation, est bien morte.

 

L’anarchie du monde actuel :

 

Je m’interroge sur les troubles actuels qui agite le monde et qui semblent promis à un long avenir.

      Sont-ils, à votre sens, les signes annonciateurs de la Parousie ? La qualité nouvelle de chanoine (de Latran) que vous a conférée récemment Sa Sainteté le Pape vous autorise probablement à vous prononcer.

       Ou sont-ils la confirmation de la théorie du matérialisme historique telle qu’elle a été rigoureusement analysée et passionnément défendue par Karl Max qui prévoyait la chute inévitable du capitalisme et soutenait qu’avant la Catastrophe finale, le capitalisme, avant de s’effondrer, devrait entrer dans un stade de crise permanente, temporairement interrompue par de faibles reprises ou par la survenance de hasards favorables.

     L’un de ses illustres épigones, Mao Tsé Toung, le chef de la Révolution chinoise considérait qu’au stade post-impérialiste c'est-à-dire au stade de l’hégémonisme, la lutte des classes classique dans les pays capitalistes avancés, s’estomperait dans sa forme ancienne et ce moteur de l’histoire humaine prendrait des modalités nouvelles et ces modalités inédites se traduiraient dans les pays sous-développés par une lutte de classes acharnées qui mettrait aux prises les ruraux et le lumpenprolétariat misérable des banlieues populeuses d’une part et les détenteurs peu nombreux de la richesse et du pouvoir dans les quartiers riches des villes, d’autre part. Au niveau planétaire, les masses nombreuses et  dominées du Tiers-Monde assiégerait par milliards d’individus, selon le même schéma, les citadelles du capitalisme dominant de l’Occident.

      Ce qu’il est nécessaire d’interpréter c’est la chienlit actuelle.

     Les guerres terroristes, les guerres anti-terroristes, la ruée irrésistible des migrants venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine vers les centres avancés de l’Occident ne sont-elles pas de déploiement in situe de la lutte des classes dans son adaptation à la société au stade de l’hégémonisme, comme le prévoyait Mao ?

 

M.Y.B

 

 

Nouakchott, le 1er juillet 2018

جمعة, 26/06/2020 - 21:31