Il faut « abattre » le soldat Biram

Depuis sa dernière sortie à Genève où il a évoqué la « délicate » question de la cohabitation nationale, revenant à l’occasion sur ce qu’il a de tous temps qualifié d’« Apartheid arabo – berbère » consacré par « la suprématie, en Mauritanie, d’une minorité blanche sur une majorité noire », Biram Abeid, président de IRA, a de nouveau jeté un pavé dans la mare sociale, suscitant la fureur de ses snipers.

Toujours les mêmes, ou presque… qui ont en commun, le fait d’appartenir à cette même communauté Arabo-berbère et d’être au devant de la scène publique.

Manifestement soutenue par le Régime -qui se garde encore de réagir-, cette campagne de diabolisation de Biram a gagné d’intensités, samedi, par le hashtag « Nahnou chaab Wahid », (Nous sommes un peuple unique), qui a enflammé les réseaux sociaux, puisque vu par des centaines de milliers de Mauritaniens, et qui vise à démentir les déclarations du député Biram Dah.

La veille, le Commissaire aux Droits de l’homme et à l’Action humanitaire s’est rendu à Genève. Ce sera enfin l’occasion pour le Régime, de rejoindre les adversaires de Biram.

Si l’objectif général est de lancer à la face du monde que « la Mauritanie est un peuple, un et indivisible, et que les adversaires de sa cohésion pêchent en eaux troubles », l’objectif particulier et inavoué est d’étouffer l’une des rares voix qui s’oppose au statuquo et dit haut, ce que tout le monde vit au quotidien : la confiscation d’un État au profit d’une minorité au détriment de Noirs dont une partie est considérée dans la rhétorique comme esclave et l’autre comme étranger.

Fort de cet état de fait, Biram est revenu à la charge dans un enregistrement audio où il reparle du « rouleau compresseur de l’exclusion et du racisme d’Etat », qualifiant ses adversaires de « manipulateurs exclusivement soucieux de préserver les apparences d’immoralité de la vie publique ».

Pour qui connaît l’homme, ni la diabolisation, ni les intimidations et encore moins les menaces de mort n’auront une quelconque emprise sur lui. Comme il la redit : son combat se poursuivra tant que la question de l’égalité des citoyens n’est pas résolue. Entièrement.

Le temps n’est-il pas venu pour l’Aristocratie nationale, le Système politique qui gouverne la Mauritanie depuis son indépendance et ceux-là qui s’époumonent chaque fois que la question de la cohabitation est posée, de voir la réalité d’en face et d’engager le cas échéant, une profonde refonte de l’actuel mode de gestion du pays ?

Il faut bien le dire : tant que la question de la cohabitation n’est pas analysée et discutée avec sérénité et ouverture les risques de dérapage sont grands que l’on fait courir au pays.

Oumar Moktar

L'Authentique

أحد, 23/02/2020 - 16:46